Notre expression verbale représente toute communication par laquelle on transmet un son, une vocalise.
Cela va du simple « Ah « , jusqu’aux phrases les plus élaborées. Monsieur dictionnaire Larousse défini le verbal par: Qui est relatif à la parole, aux mots, au langage. ( définition complète ici )
Une expression verbale suit le chemin traditionnel de toute communication:

Dans notre contexte d’expression verbale, l’émetteur va vocaliser son message par des sons, cela afin que son récepteur en comprenne le sens.
Nos mots, nos phrases remplies de mots, prennent un sens par l’apprentissage mis en place depuis notre naissance (à minimum). Les dire est la vocalisation de symboles. Ils nous permettent de comprendre et être compris par quiconque possédant le même language. Ils forment les références sur lesquelles on s’appuie dans un échange entre individus, une communication.
J’adore imagée par des exemples…en voici donc un pour bien comprendre:
Nina, 6 ans, a envie de manger un bonbon après son goûter. Nina a appris les références linguistiques depuis sa naissance appelées « mots », et elle sait les employer à bon escient.
Nina va, simplement et naturellement, communiquer son envie à sa maman:
« Maman, je peux avoir un bonbon s’il te plaît? »
C’est simple, c’est clair, c’est compris par sa maman, et c’est poli en plus !
Nina a utilisé une communication verbale pour exprimer son envie. Elle a choisi des mots compréhensibles par sa maman, son message peut ainsi être entendu et assimilé par sa réceptrice.
Imaginons, la même demande dans un contexte différent…
Nina est gardée cette fois-ci par une jeune fille au pair Inuit. Cette dernière a aucune notion de langue française utilisée par Nina. ( oui soyons imaginatif jusqu’à l’improbable !)
« Oneida, je peux avoir un bonbon s’il te plaît? »
Toujours aussi simple et poli, moins certaine pour la clarté et la compréhension de cette Oneida…
Ici, la seule communication verbale sera défaillante pour transmettre son message. Oneida, jeune fille Inuit, aura bien entendu une suite de sons, cependant, ils ressembleront plus à des « blablablablabla » en série, sans pour autant former une symbolique représentative dans son esprit.
L’exemple est volontairement exagéré, pour zoomer sur la source de la problématique.
Un mot désigne donc un symbole dont notre langage lui confère un sens commun.
Il est courant que nos mots restent incompris par celui à qui on les transmets. Cela, quand bien même nous partageons un langage identique.
C’est dans ces circonstances que nous rencontrons, quiproquos, malentendus, et tous leurs potes du même genre…
Il y a trois facteurs principaux de défaillance dans une communication verbale:
1. Les carences, ignorances de la signification d’un ou plusieurs mots.
2. La subjectivité liée à notre représentation personnelle d’un ou plusieurs mots.
3. La transformation par le récepteur, d’un ou plusieurs mots prononcés par d’autres.
Pour notre premier facteur de défaillance, voici une illustration caustique des conséquences d’une carence de langage
« Hector va voir des péripatéticiennes. » Dit, Etienne à son épouse Madeleine.
Madeleine demande en retour à son époux: « Ils soignent quelle maladie ces docteurs? »
De toute évidence, Madeleine ignore la signification du mot péripatéticienne. Pour rappel le Monsieur Larousse la définie comme: prostituée qui fait le trottoir.
(Petite aparté…je vous invite à regarder la définition du mot au masculin ici. Se pose la question tout de même de: comment le symbole féminin s’est construit à partir de cela ? pour ceux qui auraient la réponse, rdv sur Contacter la Prof pour me la transmettre.)
Pour revenir à Madeleine, sa lacune linguistique fait qu’elle a reçu un message totalement inexact. La communication entre son époux et elle est défaillante sur ce point.
Etienne aurait choisi un autre mot, il en aurait été une toute autre compréhension
» Hector va voir des péripatéticiennes putes ! «
Le message aurait été capté pour sûr par Madeleine.
Les mots, leur choix, ce que l’on nomme la sémantique, est une donnée essentielle pour une communication verbale efficiente et efficace. Posséder un vaste vocabulaire, c’est bien, savoir choisir celui qui peut être compris par notre récepteur, c’est encore mieux.
Concernant le second facteur de défaillance, la subjectivité, si le résultat est identique, l’origine est différente.
Dans ce cas, un mot a subi une modification de son symbolisme original. Le sens, que nous lui attribuons dans noter esprit, est travesti par une interprétation personnelle.
Il est temps de passer à un exemple…
Sarah arrive en plein milieu d’une conversation entre Judith et Armand. Elle entend Armand dire: » Il est bien brave mon père. «
Des mots pris au vol, Sarah se dit que le père d’ Armand fait parti d’une catégorie de personnes qu’elle définie comme » il est très con, mais bon, il compense en étant gentil ! ». Sarah, par son interprétation et représentation personnelle de l’expression » bien brave » imagine cet homme de cette façon.
En réalité, Armand finissait de raconter à Judith l’histoire héroïque de son père. Celle où il avait effectué un sauvetage, malgré de nombreux dangers, et qu’il avait accompli un acte de bravoure.
De ce fait, pour Armand, son père était un homme « bien brave » dans le sens premier du terme.
On comprend ici, combien notre perception subjective peut venir entraver la juste compréhension d’une communication verbale. Elle en désigne aussi une limite pour être optimale et complète. De plus, cela vient mettre en lumière le lien direct entre l’action des mécanismes psychiques et leur influence sur nos interactions avec les autres.
Nous en sommes donc au troisième facteur de défaillance: la transformation des mots.
Vous savez, ce sont ces moments où un mot dit par Machin est entendu par un autre par Bidule…
Autant, il peut y avoir des situations, comme cet exemple, qui restent cocasses, drôles, mémorables, autant, parfois, c’est le drame.
Odette, dame d’un certain âge, prononce une phrase à Claire, un peu dans sa barbe il est vrai…
Claire à côté explose de rire. Elle a entendu, selon elle, Odette dire: » Oh mince ! J’ai pas bandé hier ! «
Oui, cocasse cette situation ! Odette est de sexe féminin, Claire sait que sa compréhension est impossible…Odette est dépourvue de l’outil nécessaire pour bander comme le ferait un taureau.
Claire demandera à Odette de répéter sa phrase, elle mettra une attention plus soutenue dans son écoute. Tout va bien, et la vie continue agrémenté d’un souvenir rigolo à raconter.
Il y a des cas où notre perception déformée peut se mêler à de la mauvaise foi et/ou de l’entêtement. Là…c’est une ligne droite vers le conflit.
Retournons avec notre couple Etienne et Madeleine.
Ils reviennent d’une soirée chez leur ami Hector (oui, oui, celui-ci), ce dernier a changé les chaises de sa salle à manger. Madeleine exprime son avis à son époux dans la voiture: » J’aime bien le motif des sièges d’Hector. «
Etienne plus attentif aux autres automobilistes qu’aux mots prononcés par son épouse, a quant à lui entendu » J’aime bien toucher les fesses d’Hector. «
Etienne, un homme jaloux et suspicieux de nature, connaissant les penchants d’Hector, associés à cela, son manque de confiance dans la fidélité de sa femme, il refuse de remettre en question ce qu’il est persuadé d’avoir entendu.
Madeleine, quant à elle, certaine de ses intentions et de ses mots, renverra son mari dans ses 22, et cela à chacune de ses tentatives de lui faire admettre ce qui n’a jamais été.
je vous laisse aisément imaginé la suite de leur soirée…
La transformation des mots est le facteur déclenchant de la communication défectueuse. Cependant, il est ici encore loin d’être la source des perturbations engendrées.
Encore une fois, le lien est direct avec les mécanismes psycho-émotionnels à l’œuvre en arrière plan. ( Pour mieux les appréhender et les comprendre RDV dans la section ABC de psychologie )
La communication verbale est donc une composante essentielle pour s’exprimer. Elle favorise une compréhension rapide et efficace, dès lors que le langage utilisé est commun aux parties prenantes de la communication.
En revanche, elle semble largement insuffisante, pour une compréhension fine et effective, si son sens est malmené, entaché par différents facteurs.
De plus, quand on sait que la part verbale représente 45% de notre communication globale, et que pour la part de compréhension consciente des mots on tombe à 10%…
Nous comprenons plus facilement comment nos mots représentent une louche dans la grande marmite du bouillon communication.
Pour arriver à réaliser la recette correctement, nous devons incorporer d’autres ingrédients. Notamment, celui de l’expression non-verbale.
Car, si mes calculs sont exacts…
100% – 45% = 55%
Il en reste plus de la moitié à rajouter dans notre bouillon !
La suite de la recette à venir…
Pour aller plus loin:
A l’occasion de la St Valentin, une linguiste a écrit un article passionnant sur la valeur des mots. je vous invite à le découvrir. ( cliquer ici )
